Les Origines de la Bière

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Les Origines de la Bière

Découvrez l'Histoire de la Bière : De l'Antiquité à Aujourd'hui 🍺

Vous avez toujours voulu briller en société? Détecter du coin de l'œil l’admiration de vos compatriotes lorsque vous assénez des informations entre deux gorgées de bière craft, d’un ton docte et le petit doigt levé?

Ou tout simplement vous êtes un esthète à la recherche d’une source qui étanchera votre soif de savoir comme nos artisans brasseurs étanchent vos gosiers?

Bonne nouvelle, vous êtes au bon endroit! Et on va commencer par le début. Car la bière artisanale est comme Rome : elle ne s’est pas faite en un jour!

A l’origine était la bière 🌍

L'histoire de la bière remonte à des temps immémoriaux (avec au moins 2 “m”). Et, sans vouloir lever trop tôt le voile de la mariée, gardez bien en tête que l’on s’étonne encore de l’impact du trio céréales-eau-levures sur les civilisations humaines!

Dans ces temps-là, il était des inventions incroyables : la roue, le feu, la pierre qui coupe quand on tape dessus, et… ET??? Les céréales mélangées à de l’eau. En effet, à cette époque, on allait pas tuer le mammouth le ventre vide! Il fallait partir avec son petit goûter (la tradition perdure encore aujourd’hui). Et on s’est vite rendu compte que les céréales, c’est vachement nourrissant, quoique un peu sec. Alors en mettant de l’eau (parce que le lait, il a fallu attendre encore un peu de temps), et en faisant chauffer le tout, on arrivait à un mélange (Boisson? Aliment? Boissiment?) très nutritif et moins dangereux qu’un mammouth blessé. Et les céréales, globalement, ça se trouvait assez bien : le circuit court était né!

En plus, comme les normes d’hygiène étaient encore à leur balbutiement, il pouvait se trouver qu’au gré des vents, quelques organismes unicellulaires viennent profiter de ce banquet gratuit. Parce que les levures, quand il fait la bonne température, elles se nourrissent du sucre contenu dans les céréales dilué dans l’eau et paf! Ca fait ~~des chocapics~~ de l’alcool (et des bulles de co2 si elles ne s’évaporent pas dans l’air).

Toutes les découvertes archéologiques s’accordent à dire que ce breuvage euphorique (on a fait pas mal de progrès dans la bière artisanale depuis) était considéré comme un don des dieux.

Et ça ne date pas d’hier : on a retrouvé ce lien entre bière et rite funéraire il y a 13.000 ans dans la grotte de Reqefet, en Israël. Je vous mets l’article ici, c’est incroyable!

Et alors là… Plus on cherche de don de dieux, plus on cherche de céréales : je vous mets un petit lien ici pour les anglophones, mais pour faire simple, on s’accorde à dire que la bière a poussé à la “domestication” des céréales, donc sédentarisation, organisation sociale complexe, ~influenceuses dubaïotes~ etc…

L’organisation sociale préhistorique serait donc mise en place grâce à la bière!

De la bière, des dieux, des moines 🏰

Au fur et à mesure que les cultures (des hommes, pas des levures) se sont développées, la bière a donc acquis une signification sociale et religieuse. On l’a vu dans la découverte de Reqefet. Les chercheurs considèrent même que les bières artisanales (c’est rien de le dire) ont été le ciment des organisations sociales par l’organisation des fêtes et même des prises de décisions importantes! C’était le cas dans les traces retrouvées en Allemagne et en Perse (ce qui laissa à penser que ça devait être le cas aussi dans l’espace entre ces deux zones) où les prises de décisions étaient prises sous l’effet de l’alcool, puis analysées une fois sobre. L’inverse existait aussi. On dirait qu’il manque une des deux étapes dans la politique actuelle. Autant vous dire que l’artisan brasseur devait avoir un sacré statut social!

Un peu plus récemment - on reste vers les -2.000 - les anciens Babyloniens, avaient une déesse de la bière, Ninkasi “Dame qui remplit la bouche”, à qui ils rendaient hommage en récitant des prières et en brassant de la bière lors de cérémonies spéciales (on les soupçonne quand même les prêtres de vérifier la qualité des brassins au passage...).

"L'hymne à Ninkasi" est le seul texte littéraire décrivant les étapes techniques du brassage de cette époque (-2.000). L'Hymne est suivi d'une "Chanson à boire" qui célèbre les bienfaits de la bière. Il s'agit du plus ancien texte technico-littéraire sur le brassage. En chanson. A boire. Le texte complet est traduit ici, extrait :

“C'est vous qui déversez la bière filtrée dans la cuve de collecte ;

Cela ressemble au torrent que forment le Tigre et l'Euphrate.

Ninkasi, c'est vous qui déversez la bière filtrée dans la cuve de collecte ;

Cela ressemble au torrent que forment le Tigre et l'Euphrate.”

L'importance sociale de la bière pousse à des comptabilités précises qui permettent de retrouver des traces écrites dans les tablettes mésopotamiennes, égyptiennes et chinoises, ce qui a permis de retrouver beaucoup d’écrits.

L'art du brassage s'est propagé à travers les siècles et les continents. En Europe, essentiellement catholique, on a vu un dilemme poindre le bout de son nez : la boisson sacrée, c’est le vin! Si la tradition de brasser sa bière perdurait dans chaque foyer, on était loin de l’imaginaire où le bon peuple allait à la taverne boire son godet de cervoise. En tout cas dans le Haut Moyen-Âge.

Mais la bière avait quand même ses atouts! Ses techniques de fabrication permettait de purifier l’eau, souvent de qualité très douteuse. D’autant plus qu'Hildegarde a eu la sacrée (huhu) bonne idée vers 1150 d'ajouter du houblon dans ces techniques, ce qui apporta saveur et amertume, mais surtout a permis d'aseptiser le breuvage. Sponsorisée par Charlemagne lui-même, qui demanda à chaque monastère de proposer de la bière pour les populations locales, la bière revint vite dans le giron catholique! En témoigne la présence du saint Patron des brasseurs, Saint Arnoult qui, à en croire les écrits, aurait fait jaillir d’une roche une source de bière pour hydrater les fidèles qui portaient son cercueil - ce qui est sympa. Si quelqu’un a des indices pour retrouver cette source, envoyez-nous un petit message!

Les moines médiévaux, dans les monastères européens, ont joué un rôle essentiel dans la préservation et le perfectionnement des techniques brassicoles. Ils ont développé des recettes et des méthodes de brassage qui ont été transmises de génération en génération.

Faisons juste un petit détour par une grande nation de la Bière : l’Allemagne. Vous aurez en plus certainement entendu parlé par des petits malins du décret sur la pureté de la bière. Bon. Alors.

Celui-ci a été promulgué par le Duc Guillaume IV de Bavière en 1516 (juste après Marignan, mais je ne suis pas sûr qu’il y ait un rapport) sous le nom très local de Reinheitsgebot. En résumé, il disait que dans de la bière de qualité, il fallait de l’eau de source, de l’orge et du houblon. Pissétou. Pas de levure, car on ne savait pas ce que c’était à l’époque. Ce décret ne s’appliquait bien sûr qu’à la Bavière et était au final inconnu ailleurs, jusqu’en 1906 où son application s’étendit à toute l’Allemagne. J’avance dans la digression, mais son impact en dehors de l’Allemagne ne fût sensible qu’à partir de 1980 quand démarrèrent les importation de bières étrangères, jusqu’en 1987, où la Cour de Justice Européenne abolit le décret pour les bières importées en Allemagne.

L'Ère Industrielle et le Retour à l'Authenticité 🍻

Au cours des siècles suivants, la bière est devenue une boisson courante dans de nombreux pays, notamment en Allemagne, en Belgique, en Angleterre et en République tchèque.

Chaque région a développé ses propres styles de bière, mettant en valeur les ingrédients locaux et les traditions brassicoles uniques, basés sur le type d’eau propre à chaque région (on rentrera dans un autre article sur l’impact de la composition chimique de l’eau sur les types de bière). On est pas loin de l’AOP! D’ailleurs, certains militent en ce sens.

Dans tous les cas, on comptait en France au début du XXè siècle plus de 3.300 brasseries artisanales! Et le tout sans l’Alsace ni la Lorraine, qui ne faisaient pas partie de la France à l’époque, et qui pourtant ont une culture brassicole solide!

Puis la guerre est passée par là, détruisant l’essentiel de l’outil de production brassicole. En 1918, le nombre passe sous la barre des 1.000 brasseries artisanales. Si vous faites un rapprochement avec les territoires où ont eu lieu les affrontements, on peut quand même souligner que dans le Nord-Est, on devait brasser dans chaque village!

Puis la guerre est passée par là - oui. Encore. En 1950 il ne restait que 116 établissements. Vous mettez bout-à-bout l’arrivée de la Grande Distribution, le rachat des brasseries par les grands groupes industriels (Heineken, Kronenbourg…) et on arrive gentiment à 23 brasseries sur tout le territoire français en 1976. Triste époque.

Il est d’ailleurs à noter que ce fut dans les années 60 également qu’une campagne de lutte contre l’alcoolisme fut lancée. (petite nostalgie ici) C’est donc à cette époque, où l’on se méfie encore de la qualité de l’eau que les ventes de soda ont commencé à exploser en France.

L’effet secondaire, peut-être imprévu, mais qui a eu un énorme impact, a été l’habitude de nos papilles au sucré : autant vous dire que l’amertume n’était plus au goût du jour, ni de l’apéro! La bière s’aseptise, le houblon se masque… Et quand l’IPA est revenue, il a fallu attendre que les bobos relancent la mode pour qu’au final le grand public redécouvre que la bière (artisanale) pouvait avoir du coût et de l’amertume. Mais ça c’est une autre histoire…

Avec l'avènement de l'industrialisation, la bière a subi une transformation majeure. Les grandes brasseries ont produit des quantités massives de bière, standardisant souvent le goût au détriment de la diversité.

Au XXIè siècle, on assiste à ce qu’on pourrait qualifier de mouvement de balancier. Il est intéressant de noter que cette courbe de déclin et de renouveau du nombre d’artisans brasseurs a été identique aux Etats-Unis :

Historical U.S. Brewery Count

Le mouvement du renouveau des bières artisanales (“craft beer”) vient de là, où le consommateur était un peu las de ces bières standardisées, finalement identiques, et ont voulu revenir aux recettes traditionnelles peu à peu oubliées : Porter, IPA, Goses, Kveik… Pour finalement laisser parler la créativité avec les pastry, barriquées et autres vières!

En France aujourd’hui, on estime à 2.800 brasseries en activité sur tout le territoire!

Bière Artisanale : Créativité et Saveurs Uniques 🌈

Aujourd'hui, la bière artisanale est à l'avant-garde de l'innovation brassicole. De petites brasseries indépendantes fleurissent dans le monde entier, proposant des bières avec des ingrédients uniques, des saveurs audacieuses et une véritable passion pour l'artisanat. Des styles classiques aux expérimentations contemporaines, il y en a pour tous les goûts.

Tous les artisans brasseurs que nous rencontrons ont en tout cas un point commun : la passion du goût, la volonté de faire des bières artisanales de qualité dans lesquelles ils peuvent se retrouver!

L’histoire que vous avez lue est générale, globale, mais chacun de nos brasseurs a la sienne! Et elle est souvent aussi rocambolesque que celle du site de Reqefet!

Boire artisanal, c’est comme aller chez son fromager. Privilégier le circuit court, c’est connaître le produit mais aussi son artisan, son histoire, et finalement apprécier la craft dans toutes ses dimensions, tout en soutenant le brasseur qui en est à l’origine!

Gloire et honneur à nos brasseurs! Ils sont là

Bonne dégustation